Actuellement, tout le problème provient du fait que la FFMJ se repose uniquement sur les tournois MERS pour qualifier les joueurs aux championnats d'Europe ou du monde.
C'est très bien pour inciter les joueurs à faire des tournois à l'étranger, mais ça commence à montrer ses limites.
Cette approche est incompatible avec le souhait de l'EMA de « niveler par le bas » en donnant un MERS 2 et deux MERS 1 par pays par par an. Elle met une forte pression sur les tournois MERS, qui se remplissent de plus en plus vite, sachant que les MERS 2 français ont tendance à durer trois jours (avec la cérémonie d'ouverture) et les MERS 1 ressemblent de plus en plus à des MERS 2 dans d'autres pays, car ils sont sur deux jours avec 5 ou 6 parties. La France est de loin le pays qui compte le plus de joueurs de MCR, les fédérations italienne et hollandaise comptent beaucoup de joueurs qui ne jouent qu'à leur règles nationales, ou au Riichi (plus rare).
Se reposer sur le classement MERS oblige les joueurs ambitieux à sillonner l'Europe pendant au moins un ou deux ans pour faire suffisamment de tournois et avoir un classement MERS correct. Ou alors ils sont très forts et très chanceux et arrivent à avoir des super résultats après 4 ou 5 tournois...
Il y a eu énormément de plaintes sur le prix d'inscription à l'OEMC en 2011. 230 €, c'est cher, et sans doute les Italiens auraient pu organiser un tournoi moins cher s'ils avaient choisi un autre endroit et un autre moment que Venise en haute saison. Mais c'était bien organisé et on s'est régalés pendant 3 jours ! Que dire des 220 € d'inscription au championnat du monde à Utrecht l'an dernier, dans la même salle que les MERS 2 hollandais qui coûtent 45 € à l'inscription, et avec une organisation sur laquelle je n'ai pas ouï dire beaucoup de bien ?
Un MERS à domicile coûte guère plus cher que le prix d'inscription, certes. Mais ça n'arrive au mieux qu'une fois par an.
Un MERS en Métropole pour les métropolitains, voire en Hollande ou en Belgique pour les joueurs de la moitié nord de la France, coûte 100 à 200 € pour chaque joueur si on ne veut pas se lever à 3 h du matin et rentrer à minuit le jour du tournoi, à moins d'avoir un super-plan...
Pour un MERS bien plus loin à l'étranger, ça commence à chiffrer dès qu'on prend l'avion et qu'il faut se trouver un hôtel sur place. On s'en tire difficilement pour moins de 300 €, ou alors c'est dans des conditions de confort qui laissent à désirer ou un super-plan.
Aller jouer à l'étranger a ses avantages : on se tisse un réseau de joueurs, on voit du pays, on rencontre d'autres cultures du mahjong, on relativise sur l'application des règles... très bien. Mais ce n'est pas à la portée de toutes les bourses et pas très bon pour le
bilan carbone personnel. Et pas viable à long terme, avec un pétrole, et donc des déplacements de plus en plus chers, et donc des MERS à l'étranger de moins en moins abordables.
De plus, se reposer uniquement sur le classement MERS avantage fortement les joueurs placés à proximité des grands aéroports internationaux (ex. Paris), d'où partent des vols vers là où on veut, et où les tarifs sont souvent les moins chers.
À mon sens, la seule solution viable à long terme est d'instaurer un classement national, pour lequel des places seraient réservées au championnat d'Europe et au championnat du monde. Un tel classement permettrait de valoriser les forts joueurs qui n'ont pas envie de parcourir l'Europe pour construire et entretenir un classement MERS. Chaque club aurait le droit d'organiser un tournoi par an comptant pour ce classement, avec éventuellement un bonus pour ceux qui organisent des MERS. Les tournois MERS français pourraient compter dans ce classement national avec des coefficients supérieurs (ou pas). Un quota FFMJ réservé à ce classement permettrait de valoriser tous les joueurs qui n'ont ni la situation ni les moyens de faire au moins trois MERS par an, condition généralement nécessaire pour maintenir un classement correct, à plus forte raison avec la concurrence de plus en plus exacerbée entre forts joueurs.
La mise en place du classement national en parallèle du classement MERS mettra plus d'équité entre les clubs et réduira la compétition entre clubs pour organiser les « gros tournois », puisqu'il y aura autant de « gros tournois » que de clubs. Elle permettra aux joueurs nationaux d'accéder aux compétitions du plus haut niveau.
Les clubs réunionnais et franciliens ont déjà leur propre classement régional sur l'ensemble des tournois joués dans l'année. Les premiers à ces classements ne sont valorisés que par des récompenses symboliques ou gourmandes, selon la mode du moment.
Attention, ceci n'est que mon (long !) point de vue de joueur et n'engage ni la Fédération ni aucun club.
Au passage, quelqu'un connaît le système de qualification dans les autres pays ? Classement MERS aussi ?