Voici un texte écrit par un de nos membres, Christian Enault.
J'espère que vous prendrez autant de plaisir que nous à le lire.
J'adore les tuiles ... !
Je ne me plains des tuiles car j'en fais collection.
Non point par masochisme, mais, certes, par distraction.
Les miennes sont minuscules et leur chute est fiction
Quand, sur le vert tapis, j'en subis l'attraction.
Je suis toujours fébrile, lors de l'apparition,
De ces cent trente-six briques à mettre en construction,
Où prévaut le ciment, de l'anticipation,
Qui fait jongler méninges et esprit d'attention.
Quels délicats pavés et qu'ils font sensation,
Ces bambous, chiffres et cercles, tout en décoration.
Dragons et cardinaux sont honneurs, en action,
Fleurs et saisons, au score, ne faisant qu'adjonctions.
Ce luisant attirail, rapide en séduction,
N'inclinerait-il pas à quelque dévotion,
A voir les soins portés, pour la désignation,
De la place du joueur, suivant celle du Hi-tion ?
Un gong a retenti, délivrant vibrations,
Au plateau de la table où se meuvent les portions,
Et, à bien d'autres sens qui se mettent en faction,
Exit, ce cliquetis qui surprend l'audition.
Et le plaisir, latent, devient excitation
Quand les élans tactiles, nourris de conviction,
Par un rapide manège, de superpositions,
Conduisent, quatre beaux murets, en édification.
Puis, un silence installe, comme une consécration,
L'entame, à la pointe Est, d'une sainte mutilation.
Les quatre jetées se scindent, par de rapides fractions,
De façon religieuse, sous d'intimes perceptions.
Les phalanges qui s'agitent alignent de l'émotion,
Du rêve, des illusions et des spéculations.
Mais, quelquefois se figent, après distribution,
Des visages, des regards, empreints de déception.
Les quelques « ouah » audibles ont signification
De fleurs à remplacer car elles n'ont de fonction.
Et, une fois achevées, toutes les substitutions,
Les joueurs, un à un, rangent leur décontraction.
Défausses, enchères et pioches régentent les mutations
De mains se construisant, avec obstination,
Et qui, en tapinois, gèrent toutes les transitions
Réconfortant desseins, ou gelant prétentions.
Des onomatopées saccadent les gestations
où les tierces deviennent « chow », sous maintes figurations.
Les « pongs » sont des brelans, avec connotations
et se déclinent en « kongs » si leur vient addition.
Ce cardinal qui tourne est sous-dénommé « tion »
Et représente le vent qui est domination.
Un « hou », sonore et bref, vient en déclaration,
Dès qu'une combinaison arrive à solution.
Des « chis » s'acoquinant, couplés aux distinctions
Donnent de beaux serpentins et une majoration.
La main verte, suffisante, se pare de l'éjection
De tous les dominos, hors de cette coloration.
Une symétrie, maligne, peut qualification
Quand bâtir « sans valeur » réclame mille précautions !
Parfois quelques honneurs, vainquent, en ostentation,
Et, une rangée, toute pure, pourvoit satisfaction.
J'ai quatre grands vents, en rêve, neuf portes en ambition,
Et sept paires, à la file, de même pigmentation.
Trois grand dragons me hantent, cruelle prémonition !
Mon treizième orphelin est sous haute protection ...
Ce ludique labyrinthe, pour la cogitation,
est autant le ferment d'une saine émulation
Que l'arbitre, idéal, de la modération,
La chance, pour la nommer, restant obligation.
Se savourer d'autrui en étant sa ration,
Est une raison sublime, à cette récréation
Qui peut nous faire disciple, et maître, sans distinction,
Et trouver satiété dans d'inverses proportions.
Si, d'intérêt, ce jeu vous mène en intuition,
Venez donc nous rejoindre à la Fédération.
Des férus de Mahjong, c'est son appellation,
Se tiennent déjà, tout prêts, pour votre initiation.
Christian Enault